La RSE, une opportunité pour les PME ?

À l’heure où les exigences éthiques, sociales et environnementales s’imposent, la responsabilité sociétale et environnementale (RSE) s’affirme comme un important levier de transition pour les PME face aux bouleversements engendrés par la crise du Covid-19

On dit souvent d’une crise qu’elle est un accélérateur de changements. Celle du coronavirus ne fait pas exception. Alors que l’année 2019 a vu les considérations environnementales et sociétales s’imposer comme des priorités dans l’opinion publique, les bouleversements engendrés par le Covid-19 viennent confirmer cette tendance.

Selon une enquête de l’Observatoire Cetelem réalisée le 6 mai dernier, 57 % des Français considèrent que beaucoup de choses vont changer dans leur mode de vie après le confinement et 53 % d’entre eux aspirent à fait évoluer leurs habitudes pour privilégier une consommation responsable. Plus globalement, les prises de paroles se sont multipliées ces dernières semaines pour que le « monde d’après » soit différent du « monde d’avant ». Une aspiration face à laquelle la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises se pose comme un paramètre important. « En mettant en lumière l’importance des métiers essentiels au fonctionnement de la société, la crise du coronavirus a agi comme un révélateur. Jamais, en temps de paix, on n’a autant pris conscience de l’intérêt général et du bien commun. Cela impacte forcément les entreprises sur leur utilité, leur raison d’être et leur place dans la société. Dans ce cadre, la RSE devient une opportunité pour réinvestir les valeurs que l’on met dans l’entreprise et embarquer les salariés dans un projet partagé », souligne Estelle Gentilleau, consultante en communication responsable. 

Valoriser des actions existantes

Diffusée dès le début des années 2000 dans la sphère économique, la démarche RSE consiste, pour une entreprise, à intégrer les préoccupations sociales et environnementales dans sa stratégie, ses activités et ses relations avec les parties prenantes (clients, fournisseurs...). 

Renforcée par la Loi Pacte, la RSE demeure encore une démarche volontaire pour les petites entreprises, qui peuvent y voir une contrainte supplémentaire. Pourtant, « de nombreuses Très Petites Entreprises (TPE) et Petites et Moyennes Entreprises (PME) ont déjà, sans le savoir, dans leur pratiques, leurs façons de travailler avec leurs collaborateurs, leurs prestataires, leurs fournisseurs, mis en place des actions qui entrent dans le cadre de la RSE », ajoute Estelle Gentilleau. 

Pour aller plus loin, la norme ISO 26000 de l’Afnor, relative à la responsabilité sociétale, fait figure de référence et donne une ligne de conduite à suivre. Elle n’est pas la seule : Objectifs de Développement Durable des Nations Unies, écolabels (HQE, AFAQ, certification B-Corp…) et plus récemment, le statut de « société à mission » introduit par la loi Pacte. 

Reste que définir une feuille de route n’est pas toujours aisé. Pour aider les PME et TPE à aller plus loin, plusieurs dispositifs d’accompagnement existent, depuis les programmes de l’ADEME jusqu’aux dispositifs proposés par le projet néo-aquitain Résonance, en passant par l’accompagnement effectué par la CCI Bayonne - Pays Basque, qui a enregistré pendant le confinement une hausse des demandes d’informations et une mobilisation nouvelle des PME et TPE déjà engagées. 

Une démarche collective

Ce regain d’intérêt pour la RSE, l’association Lantegiak l’a également constaté. Ce club d’entreprises basques engagées en faveur du développement durable a vu son nombre d’adhérents passer d’une soixantaine avant le confinement à près d’une centaine aujourd’hui. Toutes ont signé la charte RSE de Lantegiak, document qui propose des axes d’amélioration sur les aspects sociétal, environnemental et social mais aussi territorial. « La spécificité de Lantegiak est de réunir des entreprises qui ont un engagement fort vis à vis du territoire, qu’il soit linguistique, culturel, économique ou social. Notre objectif de que cette démarche RSE s’inscrive en lien avec l’évolution des besoins du Pays basque et contribue à pérenniser l’emploi sur le territoire », précise Caroline Phillips, Présidente de Lantegiak. Pour cela, l’association mise sur le partage de bonnes pratiques et les échanges d’idées entre ses membres, afin de progresser ensemble sur des sujets complexes. Elle prévoit ainsi d’organiser régulièrement des ateliers collectifs, comme celui actuellement consacré à la mise à jour « post-covid » du Document Unique d’évaluation des risques professionnels. « L’entraide est l’une des clés de la réussite. Portée par un collectif, la RSE constitue un levier d’entraînement vertueux pour un territoire, tout autant qu’un facteur de gain de productivité et de performance pour l’entreprise ». 

« La RSE renforce la motivation des salariés »

Le point de vue de Géraldine Gilmas, co-fondatrice et responsable RSE du groupe Voltaire (Bidart)

« Produire en étant responsable fait partie des engagements du groupe Voltaire depuis sa création. Pour nous, cela coulait de source. Dès l’origine, nous avons privilégié le savoir-être et le partage de nos valeurs, - gentillesse, ambition, plaisir, respect et humilité -, dans le recrutement de nos salariés, tous formés en interne. Nous avons aussi travaillé avec nos fournisseurs pour avoir les cuirs les moins polluants et privilégié les circuits courts. Progressivement, nous avons fait évoluer la démarche en faisant appel à l’Ademe pour un diagnostic d’amélioration de notre impact environnemental dans le cadre de la démarche « TPE et PME Gagnantes sur tous les coûts », qui nous a donné des pistes d’amélioration à mettre en œuvre. Surtout, nous nous sommes engagés dans le programme d’éco-conception Become, porté par la Région Nouvelle-Aquitaine, qui nous a amenés à remettre sur le tapis notre business model et réfléchir aux différents axes susceptibles d’améliorer l’impact environnemental des produits. Parmi nos objectifs, il s’agit de développer un nouveau matériau durable à partir de chutes de cuir, qui représentent 60 à 70 % de la matière utilisée pour nos selles.  

La RSE se traduit aussi dans tous les actes du quotidien, qu’il s’agisse de changer une référence de cuir, acheter un cadeau pour les salariés, sensibiliser nos commerciaux à l’éco-conduite... Bien sûr, on ne peut tout mettre en chantier en même temps, mais avoir une démarche durable permet de créer de la cohésion et de renforcer la motivation des salariés, en particulier dans une entreprise comme la notre qui compte une moyenne d’âge inférieure à 34 ans. Pour le moment, notre démarche RSE représente encore un coût, mais le gain en matière de fidélisation et d’implication des collaborateurs le compense largement. »

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