L’engagement dans la transition écologique, entre nécessité et opportunité

Face à l’urgence climatique, la transition écologique des entreprises devient une nécessité, portée par la pression des exigences réglementaires et les attentes de la société, tout autant qu’une opportunité pour repenser son modèle économique et préparer l’avenir.

Le 10 septembre à Cachan, près de Paris, 150 dirigeants d’entreprises se sont réunis pour lancer les travaux de la Convention des Entreprises sur le Climat. Une initiative calquée sur la Convention citoyenne pour le climat avec un mot d’ordre : dessiner un modèle économique respectueux du vivant et des enjeux de réduction de gaz à effet de serre (- 55 % d’ici 2030) et le mettre en œuvre à travers des feuilles de routes applicables par le monde économique. « Pour la première fois, 150 dirigeants s’attaquent dans un élan collectif aux freins cognitifs, émotionnels et économiques à la transition écologique. Nous anticipons des trajectoires de transition hors du commun”, expliquent les fondateurs de la CEC. A l’image des citoyens, les dirigeants d’entreprises ont aujourd’hui une conscience aigüe de l’urgence écologique. Et le 6e rapport du GIEC, qui a sonné comme une nouvelle alerte, ne fait que renforcer cette exigence. « Ce rapport montre une accélération forte du changement climatique. Aujourd’hui, on n’a plus le choix. Il y a une urgence à faire », constate Vincent Collet, fondateur de l’agence d’éco-innovation Think+, basée sur Crealuz, à Saint-Jean-de-Luz.

 Préparer l’avenir

Engagé dans l’accompagnement d’entreprises en matière d’innovation responsable, le directeur de Think+ constate une nette accélération des demandes. « La crise du Covid a eu un effet d’accélérateur, des start-ups sont arrivées avec de nouveaux produits, les entreprises ont eu du temps pour réfléchir mais ne savent pas par quel bout prendre le virage d’une transition écologique pérenne ». Vincent Collet souligne également l’évolution de l’environnement des entreprises qui les poussent à s’engager dans la transition écologique. « La pression réglementaire s’amplifie, avec la loi climat et résilience et la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire... Les aides, appels à projets et levées de fonds sont de plus en plus soumis à des éco-conditionnalités. La perception environnementale du consommateur évolue. En interne, les problématiques de recrutement et de fidélisation des équipes, d’anticipation des règlementations liées à la santé, l’optimisation des ressources ou encore les questions d’approvisionnement en matières premières jouent également ». Dans ce contexte, opérer une transition devient une nécessité. « Les entreprises qui pensent qu’elles peuvent intégrer ces contraintes sans changer se trompent. Il va y avoir des changements. Soit l’entreprise les subit, soit elle les anticipe. Plus encore que le numérique, l’environnement sera le grand enjeu de transformation des entreprises ». Une démarche que l’agence Think+ accompagne. « L’éco-innovation et l’éco-conception sont des approches pragmatiques. En adoptant une vision par le cycle de vie du produit, on aborde de nombreux sujets transversaux : les matières premières, l’approvisionnement et le transport, la logistique, les process de fabrication, l’utilisation et la fin de vie. Et cela s’adresse à tous types d’entreprises ».

Repenser le business model

Cette démarche d’éco-innovation, Voltaire Design l’a adoptée depuis quelques années. Le groupe bidartar, numéro 2 mondial de la sellerie d’équitation haut de gamme, est engagé dans une production responsable depuis sa création en 2010. Après avoir effectué un diagnostic d’amélioration de son impact environnemental dans le cadre du programme « TPE et PME Gagnantes sur tous les coûts » de l’ADEME, l’entreprise vient de terminer le programme d’éco-conception Become, porté par la Région Nouvelle Aquitaine. « Cela nous a amenés à remettre sur le tapis notre business model et réfléchir aux axes qui pourraient améliorer l’impact environnemental des produits. Nous avons pu explorer de nouvelles pistes d’éco conception, comme l’élaboration d’un matériau composite durable à partir de chutes de cuir. En parallèle, Become nous a permis de mettre en exergue certaines attentes de nos clients et la nécessité d’avoir une approche plus globale de notre manière de concevoir. Nous allons maintenant travailler avec l’ADEME et Think+ à la mesure de l’impact environnemental de chaque matière et de chaque action et nous aider de ces outils dans nos choix de conception en termes de process et de matériaux. », explique Géraldine Gilmas. La co-fondatrice et responsable RSE du groupe Voltaire voit un autre atout à cette démarche. « Plus qu’un avantage concurrentiel, c’est un bel outil de sensibilisation des collaborateurs et surtout un véritable atout en termes de marque employeur, que ce soit pour renforcer la motivation des équipes ou pour recruter de nouveaux talents ».

Un engagement qui dure

Car adopter le virage de la responsabilité sociétale n’est pas qu’une affaire d’impact environnemental. Elle constitue une démarche globale qui intègre aussi le développement économique, le respect des valeurs humaines, l’interaction de l’entreprise avec son écosystème et son ancrage territorial. Des engagements et valeurs qui sont dans l’ADN de Sokoa. Le fabricant hendayais de solutions d’assises à destination des professionnels a intégré les enjeux du développement durable dès sa création en 1971. Un modèle atypique et inspirant que l’on doit beaucoup à Patxi Noblia, son fondateur. Sokoa a été créée avec l’objectif de participer au développement économique et de créer des emplois au Pays basque, en veillant à une répartition équilibrée des profits et en associant les salariés au capital. « Sokoa est née grâce à l’épargne populaire d’actionnaires, dont les salariés qui croyaient au projet et raison d’être de l’entreprise.  Patxi Noblia a été très visionnaire en mettant en place une démarche RSE à une époque où il n’existait pas de référentiel », souligne Ramuntxo Harriet, responsable Qualité et Environnement de Sokoa. Une culture d’entreprises solide qui a amené Sokoa à déployer des systèmes de management ISO 9001 (qualité) dès 2000 et ISO 14001 (environnemental) dès 2006 et à intégrer dès 2011 le référentiel « Engagé RSE » basé sur les principes de l’ISO 26000. « Nous venons de terminer en septembre le 4ème cycle d’évaluation RSE par Afnor Certification. Depuis le 2e renouvellement en 2018, l’entreprise est positionnée au niveau Exemplaire, c’est un gage de crédibilité du niveau d’intégration des pratiques RSE dans la stratégie et le management au quotidien. Cet engagement structurant nous aide à nous poser les bonnes questions dans des domaines d’actions prioritaires, comme le développement des compétences, les conditions de travail et la santé-sécurité, l’utilisation durable des ressources et la prévention de la pollution, la promotion de la RSE dans la chaine de valeur, la création de richesses et de revenus. Nous avons aussi mis en œuvre depuis 2009 un bilan carbone, dont nous suivons l’évolution tous les 3 ans ». Sokoa a ainsi adopté une perspective cycle de vie des produits, intégrant fournisseurs, transporteurs et distributeurs.. Cette préoccupation « fin de vie » l’anime également dans la recherche de filières valorisation déchets sur le principe de l'économie circulaire et de l’écologie industrielle à l’échelle territoriale. « C’est bien connu, le développement durable est une finalité jamais atteinte. Il nécessite une progressivité dans l’amélioration, des efforts constants afin d’agir sur la complexité et le paradoxe des situations à venir », souligne Ramuntxo Harriet, qui espère que ces engagements seront à l’avenir mieux reconnus. « Les critères RSE sont de plus en plus demandés dans les appels d’offres mais leur pondération est encore trop faible. Les performances extra-financières ne sont pas suffisamment reconnues et valorisées lors de décisions d’actes d’achats ». Un constat qui n’empêche pas Sokoa de poursuivre sa route en acteur responsable, positionnant l’entreprise comme un modèle de développement durable. 

Le savez-vous ?

La Communauté Pays Basque a initié un appel à projet éco-innovation doté de 50 000€, dont les lauréats seront prochainement dévoilés. Il sera renouvelé en 2022.  Elle a également lancé un master « éco-innovation », dans le cadre de la démarche Territoire d’Industrie. 

Toute entreprise industrielle désireuse de s’inscrire dans une démarche d’éco-innovation peut participer gratuitement à un cycle de formation délivré par Think+ au travers de 6 sessions de 3h à Crealuz :

- Notions théoriques de l’éco-innovation : 5 novembre  

- Repérer les opportunités et définir sa stratégie de marketing responsable : 26 novembre

- Les outils de l’éco-innovation le 26 novembre

- Structurer sa démarche d’éco-conception le 3 décembre

- Déployer et piloter sa démarche d’éco-conception le 10 décembre

- Communication responsable – Comment communiquer sans greenwashing le 17 décembre

Pré-inscriptions : formation(at)agence-think-plus.com

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