L’innovation en questions

C’est l’un des mots qui revient le plus quand l’on parle de développement économique ou de stratégie d’entreprise : l’innovation. Mais de quoi parle-t-on vraiment ? Qu’est-ce qui différencie l’invention de l’innovation ? Quelles formes l’innovation prend-elle ? Eléments de réponse.

En ces temps où les médias et réseaux sociaux ne cessent de débattre de la dernière « innovation de rupture » que représente le lancement du chatbot ChatGPT, premier système à générer de manière fluide et autonome des réponses à de nombreux sujets, s’interroger sur l’innovation prend tout son sens.

Mais qu’est-ce que l’innovation ? Si le terme met immédiatement à l’esprit ceux d’invention ou de créativité, l’innovation n’en est pour autant pas le synonyme.

Cette distinction avait d’ailleurs été soulevée par l’économiste Joseph Schumpeter, qui faisait la distinction entre l’invention, soit la découverte de nouvelles connaissances scientifiques et techniques, et l’innovation, qu’il définissait comme « la commercialisation de toute nouvelle combinaison issue de nouveaux matériaux et composants, l'introduction de nouveaux process, l'ouverture de nouveaux marchés ou l'introduction de nouvelle forme organisationnelle ». L’innovation ne réside pas uniquement dans la découverte ou l’invention, mais bien dans son développement et sa diffusion à grande échelle. En résumé, l’innovation associe la nouveauté (nouveau produit, nouvel usage, changement organisationnel), la création de valeur (stratégique, économique, financière) et l’appropriation de la nouveauté par son public cible (clients, salariés dans le cadre d’un changement d’organisation, etc). La définition faite par l’OCDE dans son manuel d’Oslo, montre d’ailleurs le vaste champ d’application de l’innovation, définie comme « la mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l’entreprise, l’organisation du travail ou les relations extérieures. ».

Incrémentale, adjacente, de rupture et radicale

Pour aller plus loin l’OCDE définit quatre types d’innovation.

- l’innovation incrémentale consiste à améliorer un produit ou un service sur son marché, par petites touches, pour garder une longueur d’avance. Particulièrement pertinente quand on parle de changements organisationnels au sein de l’entreprise, ce type d’innovation fonctionne aussi pour un produit, comme le montre la stratégie d’Apple qui fait évoluer chaque année ses IPhone avec de nouvelles fonctionnalités. C’est la source d’innovation la plus répandue.

- l’innovation adjacente consiste à exporter un produit ou un service vers un autre marché pour lui donner une nouvelle vie à travers un nouvel usage. Parmi les exemples les plus connus, on cite souvent Dyson qui a miniaturisé le système d’extraction d’une scierie pour son aspirateur sans sac…

- l’innovation de rupture ne repose pas sur une nouveauté technologique mais plutôt sur le fait de proposer un produit ou un service déjà existant chez la concurrence en venant bouleverser les usages et les habitudes. Le livre numérique en remplacement du livre papier, le e-commerce, les plateformes de streaming vidéo ou musicales sont autant d’exemples d’innovations radicales, développant des usages nouveaux sur des marchés existants à partir de technologies déjà mises au point.

- l’innovation radicale repose sur la création d’un nouveau produit/service venant  ouvrir des marchés jusqu’alors inexistants. L’invention de l’avion, du téléphone, de la télévision, de l’ordinateur personnel ou du smartphone en sont les exemples les plus parlants.

L’innovation, une affaire collective

Reste que l’innovation est rarement un chemin linéaire et solitaire. De l’idée innovante à sa commercialisation, l’émergence d’une innovation repose sur l’association de plusieurs compétences, et même de plusieurs structures. Loin de l’image d’Epinal (ou plutôt californienne) de la start-up créée dans un garage, les jeunes pousses porteuses de concepts innovants les développent le plus souvent au sein d’incubateurs et de pépinières, avec l’appui d’experts et de tout un écosystème facilitant le développement de prototypes, de preuves de concept ou de stratégies commerciales.

Pépinière et incubateurs, un environnement adapté

Les pépinières et incubateurs de la technopole Pays basque en sont un bon exemple, offrant tout un environnement de services, de réseaux d’acteurs, de moyens technologiques et de soutiens (appels à projets, financements). Les entreprises du territoire peuvent elles aussi s’appuyer sur les compétences de plateformes qui facilitent le transfert de technologies et sur les opportunités qu’offrent les programmes de recherche collaborative, associant laboratoires de R&D et recherche appliquée pour faciliter l’appropriation de nouvelles technologies, avec le soutien financier de l’Etat, de l’Union Européenne, de la Région Nouvelle-Aquitaine ou de la Communauté Pays Basque. 

Enfin, au sein même de l’entreprise, l’innovation est le fruit d’un travail concerté entre différents départements ou acteurs. L’engouement pour les nouvelles méthodes de management (Lean management, démarche design thinking…), qui sont elles-mêmes des innovations organisationnelles, répondent à cet enjeu tout en relevant le défi de l’implication, la motivation et la fidélisation des équipes.

De l’innovation à l’innovation durable

Si cultiver un esprit d’innovation est un enjeu des entreprises pour rester compétitives dans la durée, une autre problématique majeure entre désormais en compte : le respect de l’environnement et des limites imposées par le plus important des écosystèmes, celui de notre planète. Le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources et leurs conséquences (flambée des prix de l’énergie et des matières premières, durcissement de la réglementation, attentes des consommateurs) viennent poser de nouveaux contours aux démarches d’innovation. Certaines entreprises tirent leur épingle du jeu en faisant de ces contraintes des opportunités. Accompagner toute innovation d’un questionnement éthique, miser sur l’innovation frugale (le fameux « faire mieux avec moins »), redécouvrir les low-tech et la réparabilité,  s’engager dans la démarche des entreprises à impact sont autant de leviers pour conjuguer développement et responsabilité sociétale et environnementale. Une démarche au cœur des engagements de la Technopole Pays Basque qui organisera fin mars une conférence sur ce thème.

 

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