Les entreprises basques se mobilisent dans la lutte contre le Covid-19

Face à la crise sanitaire en cours, plusieurs entreprises du Pays basque font preuve d’inventivité et d’agilité pour répondre aux besoins des personnels soignants et participer à l’effort national de lutte contre la pandémie.

Le manque d’équipements de protection des personnels soignants engagés dans la lutte contre le Covid-19 a fait naître nombre d’initiatives solidaires pour y pallier. Un mouvement dans lequel la start-up Lynxter, spécialisée dans la conception d’imprimantes 3D polyvalentes et multi-matériaux, s’est engagée dès l’annonce du confinement, le 16 mars dernier. «  Nous avons immédiatement décidé de continuer l’activité en télétravail, en essayant de nous rendre utile. Avec l’impression 3D, nous avions un moyen d’agir en urgence », raconte Caroline Labat, responsable marketing de Lynxter. L’équipe lance alors un appel à idées sur les réseaux sociaux et repère un fichier d’impression 3D pour réaliser des visières de protection en plastique ABS.

Thomas Batigne, l’un des trois cofondateurs de Lynxter (avec Julien Duhalde et Karim Signo) décide alors de se confiner et d’installer son hamac dans les locaux de l’entreprise, au sein de la pépinière Technocité de Bayonne, pour améliorer le fichier et superviser la production des modèles. Le premier prototype est rapidement confié aux équipes du Centre Hospitalier de la Côte Basque, avec succès. « Dès le lendemain, l’hôpital nous passait commande pour le personnel soignant et les ambulanciers », confirme Caroline Labat. Depuis, les imprimantes de l’entreprise tournent en permanence pour produire environ plusieurs centaines de visières par semaine, en partenariat avec Addimadour d’une part et la Communauté Pays Basque au moyen de son outil Crealuz d’autre part.

 « Nous avons plus de 4 000 visières commandées, pour le Centre Hospitalier de la Côte Basque, mais aussi la clinique Delay, des EHPAD de la région, des professionnels de santé (kinésithérapeutes, dentistes, laboratoires d’analyses…) ». Surtout, la start-up a mis son fichier à destination de la communauté des « makers » pour que d’autres structures possédant une machine 3D puissent, elles aussi, produire ces visières qui apportent une protection complémentaire aux masques. 

A partir de masques de plongée 

Cette démarche de conception d’un fichier et de partage avec la communauté de l’impression 3D a également été celle adoptée par Sport Contrôle. Ce bureau d'études dédié à la conception et aux tests de produits de sport et de santé, installé à Biarritz, a été contacté au début de la crise sanitaire par le CHU de l'Île de La Réunion, en proie à une pénurie de masques FFP2, mais possédant des stocks de filtres antiviraux.

L’idée ? adapter le masque de plongée Easybreathe de Décathlon, en permettant le branchement, à la place du tuba, d’un filtre antiviral. « Nous testons régulièrement les masques Easybreathe pour le compte du Water Sports Center d’Hendaye. Il nous a fallu quelques heures pour développer la pièce nécessaire à l’adaptation du masque », explique Julien Breton, Directeur Opérationnel de Sport Contrôle.

Une opération totalement bénévole et désintéressée, puisque l’entreprise met gratuitement à disposition des professionnels de santé le fichier d’impression 3D. « Nous avons transmis cette solution à de nombreux centres de soins dans le besoin, comme par exemple le Centre Hospitalier Sud Francilien (CHSF) où nous collaborons avec le Groupe SAFRAN pour la production des adaptateurs, mais aussi la polyclinique de Saint-Jean-de-Luz, des centres de soin à Bordeaux, La Rochelle ou encore au Pays basque sud ». 

Des pièces pour la fabrication de respirateurs artificiels 

Avec les masques et les protections des soignants, la production de respirateurs artificiels en réanimation est l’autre enjeu majeur de la gestion de la crise sanitaire. Un effort auquel participe Somocap. 

L’entreprise de Jaxtou, qui travaille régulièrement pour Airfan (sous-traitant d’Air Liquide) et l’américain Medtronic, a réorganisé sa production pour assurer les commandes de pièces nécessaires à la fabrication de respirateurs, tout en assurant la sécurité de ses collaborateurs. « Ces articles représentent aujourd’hui 80% de la production de l’entreprise.  Nous sommes fiers de nos employés qui se sont mobilisés pour répondre à la demande de nos clients », salue Stéphanie Sorhouet, Chargée de développement Marketing Commercial, qui souligne que la production réalisée depuis le début de l’année correspond déjà au double de ce qui avait été produit l’an dernier pour ces deux clients de l’univers médical.

Somocap, spécialisée dans le moulage caoutchouc, l’outillage, l’injection plastique et les composites, vient également de lancer la production de visières. « Nous sommes partis du fichier de Lynxter pour l’adapter à la production d’un masque en silicone, en partenariat avec Olaberria. L’objectif est de proposer, à prix coutant, des visières de protection lavables et réutilisables pour tous les professionnels qui en auraient besoin ». L’entreprise prévoit déjà de produire produire 10000 pièces. 

De nombreuses autres initiatives d’entreprises émergent sur le territoire, comme celles compilées par le Cluster Pays Basque Digital, ou celles qui seront mises en avant sur le site Technopole Pays Basque… 

Rezto prend soin des soignants

Sans activité à l’annonce du confinement, la start-up basque Rezto a fédéré un formidable élan de solidarité des restaurateurs et producteurs locaux pour offrir des repas de qualité au personnel soignant du Centre Hospitalier de la Côte Basque. 

Lancée à l’automne 2019, Rezto est une application qui permet aux restaurateurs indépendants de mettre en avant leur démarche de qualité et de créer du lien avec les consommateurs. Un hybride entre site Internet et Réseaux sociaux, plébiscité par les restaurateurs du Pays Basque, dont l’activité s’est arrêtée aussi brutalement que ses clients professionnels, le 15 mars dernier. Pour autant, pas question pour Flore Bonnard, sa fondatrice, de rester inactive. L’entrepreneuse commence par partager sur les réseaux sociaux l’initiative du chef cuisinier de l’Élysée, Guillaume Gomez « Les chefs avec les soignants ».
« Plusieurs chefs avec lesquels je travaille ont voulu participer. Mais aucune réponse ne leur a été apportée. Nous avons donc décidé avec Nicolas Bouchard, chef du Pachamama et Damien Robert, chef d’Osagarria à Bayonne, de nous rapprocher de l’hôpital de Bayonne pour leur proposer des repas », relate Flore Bonnard.

Une proposition qui tombe à point nommé, le centre hospitalier ayant été contraint, dans le cadre du Plan Blanc, de suspendre l’activité de la cantine en soirée. Installés dans les cuisines du CFA de la Communauté Pays Basque, rejoints par 16 autres chefs basques, le collectif concocte depuis une centaine de repas complets livrés chaque jour au centre hospitalier, réalisés et livrés dans des conditions d’hygiène drastiques. « Il y a eu un très bel élan de solidarité, de la part des producteurs ou grossistes auprès desquels nous avons pu récupérer des invendus, des restaurateurs qui donnent de leur temps, mais aussi de professionnels comme le traiteur Bixente Eizmendi, qui nous met à disposition deux camions frigorifiques pour le transport et le stockage des produits.

Tous ont à cœur de se rendre utile, malgré des situations économiques difficiles ». C’est justement pour soutenir les restaurateurs que Flore Bonnard s’apprête à proposer une nouvelle fonctionnalité sur l’application Rezto, qui leur permettra de vendre des cartes-cadeaux en ligne, sans commission. Une belle initiative pour générer un peu de trésorerie alors qu’aucune date de reprise n’est encore fixée dans le secteur de la restauration. 

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