La levée de fonds : accélérer vite et fort

Vincent Clabé-Navarre, fondateur et président de Message In A Window : « avant l’entrée au capital, il y a toujours une négociation - difficile - autour de la valeur de l’entreprise © DR

Etape fondamentale dans le développement et la croissance des start-up, la levée de fonds permet d’ouvrir leur capital à des investisseurs privés. Estia Entreprendre et l’Agence de Développement et d’Innovation de Nouvelle-Aquitaine accompagnent les jeunes pousses dans leur quête de financeurs, aux côtés de la Technopole Pays Basque.

Un niveau record ! Malgré la crise sanitaire et économique, les start-up de la French Tech ont levé 5,4 milliards d’euros de fonds en 2020 selon le baromètre EY (Ernst & Young) du capital-risque en France. La levée de fonds fait souvent figure de graal pour les dirigeants de start-up. Mais en quoi consiste-t-elle ? Son « timing » tout d’abord. Elle intervient après que l’entrepreneur ait investi en fonds propres dans son projet et ait sollicité les subventions et aides publiques, notamment les aides régionales et les financements de Bpifrance, la Banque publique d’investissement. 

La levée de fonds consiste à faire entrer des investisseurs au capital d’une société. Ces investisseurs apportent de l’argent à la société en contrepartie d’un pourcentage de détention de son capital. Ils en deviennent ainsi actionnaires et participent, de manière plus ou moins engagée, à la stratégie globale du projet. 

« C’est un long processus, qui prend en moyenne entre 9 et 12 mois, détaille Annabel Dubois, responsable du service levée de fonds au sein de l’Agence de Développement et d’Innovation de Nouvelle-Aquitaine (ADI-NA). Cette étape permet, au moment crucial où l’entreprise doit confirmer son fort potentiel de développement, d’accélérer fort et rapidement. Quant à l’investisseur, son rôle est de mesurer le risque d’un projet, ou en tout cas ses chances de réussite. » Son objectif  : réaliser une plus-value au moment de sa sortie du capital, dans un délai légal de 5 à 7 ans.  Dans le cas de start-up, les investisseurs ciblent ainsi des projets à fort potentiel de croissance compte tenu de leur prise de risque.

« Friends and family » pour débuter

Dans l’écosystème du capital investissement, il existe une grande variété d’acteurs financeurs en fonction du degré de maturité d’une start-up. Au stade du lancement du projet, l’entrepreneur peut mobiliser ses premiers fonds, le « love money », auprès de ses proches (« friends and family »). C’est la démarche entreprise en 2015 par Vincent Clabé-Navarre, fondateur de Message In A Window, une plateforme qui permet d’organiser des campagnes de communication dans les vitrines de magasins, d’hôtels et de restaurants partout en France. « Seul, je ne générais pas de chiffre d’affaires, se souvient le président de la start-up basée à Biarritz. Sur la base d’une idée très aboutie et de quelques tests clients, j’ai levé 150 000 euros auprès de mon entourage, qui a été très réactif. Cela m’a permis de recruter deux personnes et d’accélérer le développement de l’outil informatique. » Message In A Window a depuis procédé à deux nouvelles levées de fonds, l’une de 800 000 euros en 2016, l’autre d’1,2 million d’euros en 2019, notamment auprès d’un fonds d’investissement et de Bpifrance, afin de poursuivre ses embauches et d’investir massivement dans la technologie. La start-up emploie aujourd’hui 12 personnes, génère un million d’euros de chiffre d’affaires et lance une nouvelle plateforme bottl.fr, destinée aux cavistes et aux épiceries fines.

« Dossier solide et crédible »

L’autre stratégie pour « débuter » consiste à faire appel aux plateformes de financement participatif, le fameux crowdfunding, qui se décline sous plusieurs formes : le crowdgiving, basé sur le don, le crowdlending, sur les principes du prêt, ou le crowdequity, sur l’investissement en capital.

La Technopole Pays Basque accompagne les start-ups à la structuration de leur recherche de financement : de la formalisation de leur stratégie de développement au business plan, associé à l’accompagnement vers les bons interlocuteurs qui pourront financer les différentes phases de leur croissance.

« Les besoins se situent surtout en amont, dans la phase d’incubation, lorsque l’entrepreneur n’a pas encore l’expérience et les réseaux », souligne la responsable d’Estia Entrependre Hélène Marty. Chaque responsable de pépinières Technopole Pays Basque  prépare les entrepreneurs à la conception de leur plan d’affaires et de leur projet stratégique. Quand le dossier est solide et crédible il peut être présenté à différents investisseurs. Dans ce cadre, le forum Bask’Invest, co-organisé par Estia Entreprendre, E&Y, la CCI et la CAPB, met chaque année en relation les entreprises en croissance et les investisseurs (voir par ailleurs).

Les phases de préparation administrative et financière, d’identification et d’échanges avec les fonds demandent un investissement important des entrepreneurs. Il peut alors être opportun de se faire accompagner par des structures tels que les intermédiaires à la levée de fonds, qui sont des sociétés de conseils spécialisées dans la levée de fonds.

A l’échelle régionale, l’ADI-NA constitue ainsi un interlocuteur incontournable pour les entrepreneurs, cette fois lorsque leurs jeunes pousses atteignent la phase d’amorçage (ou « seed »), en particulier dans les secteurs de la green tech, de la deep tech et de de la santé ou e-santé, qui ont particulièrement la cote auprès des investisseurs. 

Du « pitch » au pacte d’associés

« Nous accompagnons des start-up pour des levées de fonds dont le montant est compris entre 300 000 et 1,5 million d’euros, détaille Annabel Dubois, au moment où elles doivent financer leur accélération commerciale. Il faut donc que le produit soit finalisé et prêt à vendre et que le marché ait répondu favorablement à cette proposition de valeur. » La typologie des investisseurs s’étend alors aux business angels - en réseaux ou individuels - et aux fonds d’investissement, qui peuvent proposer plusieurs types de capital-investissement, parmi lesquels le capital-risque et le capital développement. Depuis 2019, l’ADI-NA met en relation quelque 2000 investisseurs avec les entrepreneurs de Nouvelle-Aquitaine grâce à sa plateforme fundmeup.fr. Elle détaille notamment les étapes du parcours de la levée de fonds, du « pitch », qui expose la vision et l’ambition du projet d’une start-up, en passant par le prévisionnel financier et le business plan, jusqu’à la signature du pacte d’actionnaires. « C’est en quelque sorte le règlement intérieur de la relation entre tous les associés », résume Vincent Clabé Navarre.  

Pour mener à bien sa première levée de fonds, il est primordial d’être préparé et accompagné. Dans ce contexte, intégrer un écosystème comme celui d’une Technopole est un atout pour le développement et la croissance des start-up.

7ème Bask’Invest le 25 mars

La 7ème édition de Bask’Invest, co-organisée par Estia Entreprendre, EY (Ernst & Young), la CCI de Bayonne Pays Basque et la Communauté d’Agglomération Pays Basque se déroulera le jeudi 25 mars. Cette année encore, ce forum se déroulera en virtuel, avec deux temps-forts : le concours de pitch de start-up en direct de l’Estia (inscription avant le 10 mars) et le speed-meeting, un temps de rencontre entre financeurs et entrepreneurs (inscription avant le 18 mars). Les lauréats du concours de pitch se verront remettre un chèque par les partenaires. Lorsque la situation sanitaire le permettra, une rencontre sera organisée à Estia Entreprendre entre tous les participants.

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