Produits biosourcés : l’avenir des matières s’inscrit en vert

© Johann Garcia

Portés par les exigences environnementales et la prise de conscience écologique de la société, les produits biosourcés (re)viennent sur le devant de la scène, offrant de belles perspectives de développement dans de nombreux secteurs. Tour d’horizon. 

Les produits biosourcés sont dans l’air du temps. Dans un contexte de prise de conscience grandissante des enjeux écologiques, les matières et produits issus de la biomasse, végétale mais aussi animale, séduisent de plus en plus. C’est d’ailleurs ce que sous tend un sondage de l’IFOP réalisé en juin 2020 pour l’Association Chimie du Végétal (ACDV), un groupement professionnel associant tous les acteurs de la chimie verte et des agro-ressources. Selon cette enquête, 87% des sondés ont une bonne image de ce type de produits et estiment qu’ils apportent une plus-value à la fois économique et environnementale. Un véritable regain d’intérêt pour des matières premières éclipsées depuis le XIXème siècle au profit des usages liés aux ressources fossiles (charbon, pétrole et gaz). 

Opportunités dans la construction

Pourtant, l’utilisation des matières biosourcées est aussi ancienne que l’humanité et a longtemps permis de répondre à tous ses besoins vitaux. La révolution industrielle a marqué un cap en introduisant des matériaux synthétiques, issus du pétrole ou du charbon. « Cela a permis de rationaliser la production avec des coûts très faibles, à une époque ou les considérations environnementales étaient inexistantes », explique Thomas Garnesson expert en matériaux biosourcés à Nobatek-Inef4.

L’institut de recherche appliquée pour la transition énergétique du bâtiment consacre une partie de ses travaux de R&D aux matériaux biosourcés (bois, chanvre, paille, laine…) et géosourcés (terre crue…), tout en intervenant en tant qu’Assistant à Maîtrise d’Ouvrage sur des chantiers y recourant. « Le secteur du bâtiment nécessite des quantités de matière énorme. Il représente un très fort potentiel de développement pour des fabricants, d’autant que la part d’utilisation des matériaux biosourcés est de l’ordre de 10% actuellement ».

Ce potentiel de développement, Ouatéco l’a identifié dès sa création en 2009. Cette entreprise landaise, basée à Saint-Geours-de-Maremne, a développé un isolant écologique en ouate de cellulose issue de la transformation de papiers recyclés, associant ainsi performance thermique, engagement environnemental et économie circulaire. C’est dans ce même esprit que plusieurs acteurs travaillent aujourd’hui de part et d’autre de la Bidassoa à valoriser la laine de brebis basque, considérée aujourd’hui comme un déchet, dans le cadre du projet de coopération transfrontalier Lanaland, financé par l’Union Européenne. 

Valoriser les ressources locales 

Ils ne sont pas les seuls d’ailleurs à vouloir créer de nouveaux débouchés de ce matériau aux nombreuses propriétés (isolante, résistante, anti-feu, respirante…). En effet, à Sare, la PME Iletegia propose depuis 2018 des produits de literie (matelas, couettes et oreillers) en laine de brebis manech, tout en visant la diversification vers des toiles feutrées ou des fils de laine à tricoter. « Notre objectif est d’offrir un complément de ressources aux éleveurs tout en relocalisant au Pays Basque des savoir-faire qui ont été perdus ces 30 dernières années », explique Aña Andiazabal, co-fondatrice (avec Aitor Zubillaga) d’Iletegia.

D’autres initiatives pour valoriser les matières premières locales sont d’ailleurs en cours de développement, comme celle de l’entreprise bayonnaise Scale, qui transforme les écailles de poissons (récupérées auprès de mareyeurs et pêcheurs de Bretagne ou de Nouvelle-Aquitaine) en un matériau inédit, la Scalite, aux propriétés intéressantes (anti-feu, usinable, entièrement biodégradable et compostable…) avec de nombreuses applications possibles: objets de design, packaging, vaisselle à usage unique en alternative au plastique. 

Perspectives de développement

Les matériaux biosourcés offrent ainsi une formidable opportunité de créer du savoir-faire et de l’emploi sur le territoire, tout en développant des produits à forte valeur ajoutée ou très distinctifs. Les exemples ne manquent pas, tant les secteurs concernés par les matériaux biosourcés sont nombreux. Si les marchés de la chimie du végétal, des cosmétiques naturels ou du textile, domaines d’application historiques, sont en plein essor, dopés par l’explosion de la demande, d’autres segments plus inattendus s’inscrivent dans le sillage des produits biosourcés. C’est le cas de Notox. La PME d’Anglet a révolutionné l’univers du surf en créant les premières planches éco-conçues, à base de fibre de lin, de liège et de résine époxy biosourcée, fabriquées en France en minimisant les déchets. Une démarche reconnue internationalement (Notox a des clients partout dans le monde) que l’entreprise accélère depuis trois ans avec sa gamme Korko, plus axée sur le grand public.

Autre secteur, l’aéronautique peut voir dans les produits biosourcés des solutions pour remplacer les résines époxy ou matériaux composites d’origine pétrochimique. Le projet collaboratif BAMCO, auquel Compositadour participe aux côtés d’acteurs comme Arkema, Cobratex ou Expleo, vise justement à créer un bio-composite à base de bambou et de thermoplastique biosourcé.

Reste que biosourcé ne veut pas toujours dire plus durable. Le mode d’exploitation et des matières premières, les procédés de production ou encore le transport influencent nettement le coût économique et environnemental du produit. D’ou l’importance de structurer des filières, à l’image de celle de la construction durable, portée par la Région Nouvelle Aquitaine, avec le cluster Odeys et la Communauté Pays Basque, avec le site technopolitain Arkinova.

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