Start-up, les leviers de réussite

Thomas Batigne, co-fondateur de Lynxter : « Notre produit est conçu pour être polyvalent, il est donc résilient face aux variations de son marché » © FF

Qu’elles soient spécialisées dans l’édition de logiciels pour la maintenance aéronautique, dans la construction d’imprimantes 3D industrielles ou dans la construction de bâtiments en bois et/ou métal, ces start-up ont pour point commun de connaître une forte croissance. Leurs dirigeants livrent quelques-unes de leurs recettes.

« Une entreprise nouvelle innovante à fort potentiel de croissance et de spéculation sur sa valeur future ». C’est ainsi que BpiFrance, la Banque publique d’investissement, définit une start-up. Pour l’Américain Steven Blank, entrepreneur de la Silicon Valley, à l’origine du mouvement « Lean Startup » - une approche spécifique du démarrage d’une activité économique et du lancement d'un produit -, elle s’apparente à « une organisation temporaire à la recherche d'un business model industrialisable, rentable et permettant la croissance ». Le succès d’une start-up se mesure en tout cas à son positionnement sur le marché.

« Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, il faut clairement une adéquation entre les produits qu’on édite et le besoin du marché. Nous sommes très bien placés pour le savoir parce que nous avons eu l’idée il y a quelques années de créer un produit qui a bien vu le jour mais qui n’a pas eu un grand succès… C’est juste que ce produit était un peu trop en avance sur son temps. S’il était sorti dix ans plus tard, je pense qu’on aurait fait mouche ! » Le bon timing, c’est sans conteste l’une des clés de la réussite de 2MoRo selon son directeur général Pierre Dagois. Installée sur le site technopolitain d’Izarbel, à Bidart, cette start-up spécialisée dans l’édition de logiciels pour la maintenance aéronautique a été rachetée il y a trois ans par le groupe Sopra Steria, l’un des leaders européens des services du numérique. Ce qui n’empêche pas la jeune pousse basque et sa quarantaine de collaborateurs de conserver leur autonomie et d’afficher une croissance de près de 30% de leur chiffre d’affaires. 

« Idée + timing + exécution »

Le bon timing, c’est également l’une des recettes chez Lynxter, au cœur de la Technocité à Bayonne. Créé en 2016 par Julien Duhalde, Karim Sinno et Thomas Batigne, alors étudiants à l’ENI de Tarbes, ce constructeur d’imprimantes 3D industrielles compte multiplier par 10 sa capacité de production d’ici un à deux ans pour couvrir le marché européen. « Quand on démarrait, se souvient Thomas Batigne, au sein de groupes d’accompagnement à l’entrepreneuriat, on avait l’impression que c’était l’idée qui primait, mais on s’est rapidement rendu compte que c’était plutôt le triptyque « idée + timing + exécution » et qu’en fait, quand on a une idée, il y a certainement quelqu’un à l’autre bout de la planète qui l’a aussi ! Ce qui compte c’est juste faire au bon endroit, au bon moment et bien ! »

Etape importante, l’intégration au capital de nouveaux investisseurs constitue fréquemment le passage obligé pour accompagner le développement d’une start-up. Mais pas à n’importe quel prix. « La levée de fonds est a priori nécessaire mais c’est un processus difficile et éprouvant parce que beaucoup de personnes sont à l’affût dès qu’un projet fonctionne, prévient le co-fondateur de Lynxter. Tout le monde y va de sa lettre d’intention avec ses différentes clauses. C’est un milieu assez violent pour lequel on n’est pas forcément armé. Il faut donc se battre pour sa valorisation et bien s’entourer en matière juridique pour amorcer les négociations avec l’aide d’un avocat dès le début. »

La force du réseau

De taille plus modeste, une autre jeune pousse du Pays basque mise quant à elle sur son ancrage territorial. Il s’agit d’Etudes Alde, un bureau d’études dans le bâtiment spécialisé dans la structure bois et/ou métal qui a pris son envol sur le site technopolitain d’Arkinova, à Anglet, avant de s’installer en début d’année à Biarritz. « La recommandation joue un rôle important au Pays basque, se félicite son gérant Alexandre Blot. Plus on fait du bon boulot, plus on parle de nous, plus ça ramène du travail, beaucoup plus que n’importe quelle visibilité sur internet ou via des campagnes publicitaires. 90% de notre chiffre d’affaires est basé sur le bouche-à-oreille ! On est encore dans une région où il y a encore beaucoup de respect dans les rapports humains. Dans notre secteur d’activités et l’échelle à laquelle nous travaillons, il y a encore plus d’importance dans la confiance que l’on peut accorder à quelqu’un que l’on connaît vraiment. » La force du réseau peut également contribuer à aider une start-up lorsqu’elle traverse des périodes difficiles. « Nos liens avec les clusters locaux nous ont permis de décrocher de précieux conseils, voire même des contrats, au moment où notre situation était critique », confirme Pierre Dagois, le patron de 2MoRo. 

« Un maître-mot : la flexibilité »

Mais sans surprise, pour une start-up, la R&D et l’innovation représentent des leviers de réussite incontournables. « Nous devons pour cela écouter les réactions de notre marché, avance Thomas Batigne. Même pour des choses que l’on n’avait pas tout à fait finis, nous avons testé, vite, à petite échelle, sur des salons, pour voir si ça prenait, parce qu’après, on engage des ressources, on cherche, on développe, on dépense… »

« Il faut beaucoup d’innovation partout, abonde Pierre Dagois. Sur le produit déjà. Nous nous sommes structurés pour être en capacité de mener des projets de recherche collaboratifs avec le pôle Aerospace Valley, mais pas que… Ces projets permettent d’échanger, de travailler entre start-up, grands groupes et labos. Il faut aussi être innovant d’un point de vue commercial : être capable d’être réactifs en fonction des contraintes des différents prospects-clients. Le maître-mot, c’est la flexibilité, sur tous les sujets. » Le DG de 2MoRo reconnait également la part du facteur chance dans la réussite de sa pépite, dont les parts de marché croissantes dans le secteur de la défense compensent les difficultés que rencontrent actuellement certains de ses clients dans le domaine de l’aviation civile. Pierre Dagois affiche ainsi des ambitions aussi bien en termes de produits que de recrutement. A tel point que sa start-up développe aujourd’hui un projet de plateforme de formation ! 

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